Estampe d’art originale d’une édition limitée de Pierre Alechinsky et avec texte de Claude Simon. De la série Placards – Pour Claude Simon, 1975
Lithographie technique mixte avec tapuscrit (dactylographié avec corrections du poète) intégrer dans l’estampe sur papier vélin Arches signée au crayon par Pierre Alechinsky en bas à droite et signée par Claude Simon au crayon en bas à gauche, ainsi que justifier à la main au crayon Ex. d’exposition dans le bas au milieu.
Unique exemplaire justifié exemplaire d’exposition. (Exposition Musée national des beaux-arts Québec 2002)
La série placards est une édition limitée de 500 lithographies signées par les deux protagonistes, quelques H.C. et E.A ainsi que quelques sans signature de Claude Simon et quelques sans aucune justification ni signatures de Claude Simon …
Dimensions : 58,5 x 77,5 cm – 23 x 30,5 po.
Avec cadre d’origine en bois : 73, 5 x 92 cm – 29 x 36,25 po.
Imprimeur: Imprimerie Arte Paris
Éditeur: Aimé Maeght, Paris
Références expositions :
Œuvre est encadre dans son cadre d’origine (Bois) utilise lors de l’exposition: Typographie du dialogue de 2002 à 2003 musée national des Beaux-arts du Québec. (Cet exemple)
Liège, Belgique, Musée d’art moderne, Cobra revisité, 9 avril – 31 mai 1993, catalogue: illustré (autre exemple).
Dans le cadre de la collection « Placards », dirigée par Jacques Dupin et André Frénaud pour la Galerie Maeght, un ensemble de textes et lithographies ou sérigraphies dont le principe est de réunir un écrivain et un artiste.
Source : L’Association des Lecteurs de Claude Simon
Condition : Brunissement du papier et sur les bords du papier, le cadre porte l’usure du temps, mais globalement en bon état. L’œuvre est dans son jus.
Pour le prix, l’expédition et les détails contacter la galerie
Prix: Communiquez avec la galerie *CAD (Dollars Canadiens)
Cliquez ici pour voir plus d’oeuvres et bio de ALECHINSKY, Pierre >>
Cliquez ici pour voir plus d’impression planographique>>
Cliquez ici pour voir plus Estampes d’art>>
#Histoire
En 1974, Jacques Dupin demande ainsi à Claude Simon d’écrire « quelques lignes » qui seront illustrées par Pierre Alechinsky.
Se trouvant alors à Salses, l’écrivain décrit une pièce de sa maison alors en travaux :
On m’avait demandé un petit texte qui serait illustré par Alechinsky. Je ne savais trop que faire. Alors, j’ai regardé autour de moi. J’étais dans ma maison de Salses, dont le rez-de-chaussée était alors en réparation. Des maçons y travaillaient. Une reproduction d’un tableau de Renoir avec des promeneurs, une femme portant une ombrelle, pendait encore au mur. J’ai aussi pensé à une autre pièce en ruine, une scène de guerre, où des soldats se fortifiaient dans une maison délabrée… En ajoutant des détails, et par le simple jeu des associations et des métaphores, trois petites fictions sont nées, mettant en scène les maçons, les soldats et les promeneurs de Renoir dont les ‘trajets’ textuels se recoupaient.
(« Claude Simon ouvre Les Géorgiques », entretien avec Jacqueline Piatier, Le Monde, 4 septembre 1981, p. 13)
Cela donne un texte qui rebaptisé « Générique » deviendra en 1975 l’incipit, le point de départ et surtout le générateur textuel de Leçon de choses (p. 9-11).
Le texte :
Les langues pendantes du papier décollé laissent apparaître le plâtre humide et gris qui s’effrite, tombe par plaques dont les débris sont éparpillés sur le carrelage devant la plinthe marron, la tranche supérieure de celle-ci recouverte d’une impalpable poussière blanchâtre. Immédiatement au-dessus de la plinthe court un galon (ou bandeau ?) dans des tons ocre-vert et rougeâtres (vermillon passé) où se répète le même motif (frise: ) de feuilles d’acanthe dessinant une succession de vagues involutées. Sur le carrelage hexagonal brisé en plusieurs endroits (en d’autres comme corrodé) sont aussi éparpillés parmi les débris de plâtre divers objets ou fragments d’objets (morceaux de bois, de brique, de vitres cassées, le châssis démantibulé d’une fenêtre, un sac vide dont la toile rugueuse s’étage en replis mous, une bouteille couchée, d’un vert pâle, recouverte de la même poussière blanchâtre et à l’intérieur de laquelle on voit une pellicule lilas de tanin desséché et craquelé déposée sur le côté du cylindre, etc.). Du plafond pend une ampoule de faible puissance (on peut sans être aveuglé en fixer le filament) vissée sur une douille de cuivre terni.
Au-dessous du minuscule et immobile déferlement de vagues végétales qui se poursuivent sans fin sur le galon de papier fané, l’archipel crayeux des morceaux de plâtre se répartit en îlots d’inégales grandeurs comme les pans détachés d’une falaise et qui se fracassent à son pied. Les plus petits, de formes incertaines, molles, se sont dispersés au loin après avoir roulé sur eux-mêmes. Les plus grands, parfois amoncelés, parfois solitaires, ressemblent à ces tables rocheuses soulevées en plans inclinés par la bosse (équivalent en relief du creux — ou d’une partie du creux — laissé dans le revêtement du mur) qui en constitue l’envers et sur laquelle ils reposent. Sur leur face lisse adhère quelquefois encore un lambeau de feuillage jauni, une fleur.
La description (la composition) peut se continuer (ou être complétée) à peu près indéfiniment selon la minutie apportée à son exécution, l’entraînement des métaphores proposées, l’addition d’autres objets visibles dans leur entier ou fragmentés par l’usure, le temps, un choc (soit qu’ils n’apparaissent qu’en partie dans le cadre du tableau), sans compter les diverses hypothèses que peut susciter le spectacle. Ainsi il n’a pas été dit si (peut-être par une porte ouverte sur un corridor ou une autre pièce) une seconde ampoule plus forte n’éclaire pas la scène, ce qui expliquerait la présence d’ombres portées très opaques (presque noires) qui s’allongent sur le carrelage à partir des objets visibles (décrits) ou invisibles — et peut-être aussi celle, échassière et distendue, d’un personnage qui se tient debout dans l’encadrement de la porte. Il n’a pas non plus été fait mention des bruits ou du silence, ni des odeurs (poudre, sang, rat crevé, ou simplement cette senteur subtile, moribonde et rance de la poussière) qui règnent ou sont perceptibles dans le local, etc., etc.
Claude Simon. « Générique » de Leçon de choses (Minuit, 1975, p. 9-11)
Claude SIMON (1913 – 2005)
Claude Simon est un écrivain français, né le 10 octobre 1913 à Tananarive, Madagascar et mort le 6 juillet 2005 à Paris. Le prix Nobel de littérature en 1985 est venu récompenser celui « qui, dans ses romans, combine la créativité du poète et du peintre avec une conscience profonde du temps dans la représentation de la condition humaine». Claude Simon s’est également intéressé à la peinture et à la photographie.
Date:
septembre 18, 2020