ARROYO, Eduardo (1937 – 2018)

Photography Arroyo, 2011

ARROYO, Eduardo (1937 - 2018)

Biographie

Eduardo Arroyo, est né le 26 février 1937 à Madrid et mort le 14 octobre 2018 dans la même ville. Il est un peintre, graveur, lithographe, sculpteur et décorateur de théâtre espagnol.

Représentant majeur de la Figuration narrative et de la Nouvelle figuration espagnole qui se développa en Europe au début des années 1960, ses tableaux traitent de l’exil, des assassinats politiques, des complicités dont bénéficie le régime de Franco, des espagnolades qui masquent la réalité fasciste de l’Espagne et des bases américaines qui soutiennent l’impunité de Franco.

En 1958, il sort diplômer de l’école de journalisme madrilène et s’installe à Paris où il se lance dans la peinture.

Le jeune Eduardo s’intéresse très vite au pouvoir de l’image. Artiste engagé et critique, il tend à démystifier l’art avec un « discours » pictural qui en fait un inspirateur de la figuration narrative.

En 1961, il monte sa première exposition individuelle et en 1963, il participe à la biennale de Paris au sein de l’exposition collective « l’Abattoir ». Celle-ci présentait un montage de peintures et sculptures dans une plaidoirie contre le totalitarisme et toute forme de répression physique et idéologique.

Sa première exposition en Espagne, en 1963, fut annulée par la censure. En 1965, il participe à l’exposition collective présentée à Paris sous le titre « Vaincre et laisser mourir ou la fin tragique de Marcel Duchamp », fondamentale pour la figuration européenne des années 60.

Le peintre s’amuse aussi à mettre en dérision les peintres contemporains comme Marcel Duchamp, Salvador Dalí et Miró (L’enterrement de Marcel Duchamp en 1966 Vivre et laisser mourir ou la Fin tragique de Marcel Duchamp, La Femme du mineur Perez-Martinez Constantina rasée par la police en 1967, copie-charge du Portrait d’une danseuse de Miró). La femme du mineur Pérez Martínez, Constantina (dite Tina) tondue par la police. Cette œuvre est le portrait de Constantina Pérez Martínez, une femme forte, indépendante et une combattante. Constantina était la fille d’un fusillé de la guerre civile espagnole et détenait de fortes convictions politiques de gauche. À l’âge de 18 ans, elle se marie avec Victor Bayon, un mineur des Asturies. En avril 1962, elle a pris la tête d’un mouvement de grève dans les mines. Ce mouvement était le premier depuis le début de la dictature et était soutenu par les Commissions ouvrières.

Il désacralise aussi les personnalités politiques en les peignant sur un ton plus ou moins irrespectueux comme Napoléon Bonaparte (Six laitues, un couteau et trois d’épluchures en 1965, Les Soucis d’Espagne en 1965) et Winston Churchill (1970). Il réalise aussi des peintures d’histoires de grand format (Portrait de Walter Benjamin en 1998) ou (Le jour où Richard Lindner est mort). S’il déteste les hagiographies des grands héros de l’histoire, il abhorre aussi la neutralité qui cache les compromissions les plus scandaleuses, la lâcheté et l’impéritie la plus redoutable.

Heureux qui comme Ulysse peint en 1976 fait écho au thème de l’exil, sujet récurrent dans les œuvres du peintre. 1977 est l’année où, deux ans après la mort de Franco, Arroyo récupère son passeport, qui avait été confisqué par les autorités espagnoles, et peut alors rentrer chez lui.

Le tableau montre la désillusion des espagnols qui retournent dans leur pays après la dictature de Franco. Le peintre est aussi connu pour sa série d’autoportraits en Robinson Crusoë.

Il montre l’individualisme dérisoire de l’artiste. Cette série fait écho aussi à son exil volontaire. Dans ce tableau, sur un mode ironique, le peintre s’est habillé de peaux de bêtes, chaussé de haillons ficelés, coiffé d’un chapeau «tyrolien» piqué de plumes. Il est assis dans un fauteuil sorte de trône brinquebalant d’un peintre-roi exotique. Ce meuble occupe entièrement une île minuscule. Le peintre se montre focalisant toute son attention sur une petite marine exécutée dans une palette de voyage.

Pour la série Toute la ville en parle réalisée dans les années 1980, Arroyo s’est inspiré du film Toute la ville en parle (1935) de John Ford. L’artiste illumine la scène du crime avec une efficacité magistrale, une scène comprenant à la fois vivants des morts et des témoins cachés dans l’ombre ainsi que le meurtrier en train de s’échapper. Dans cette série est inclus Le chat noir (1982) et Carmen Amaya frit des sardines au Waldorf Astoria (1988). (Carmen Amaya est une danseuse de flamenco). Pour cette série, il s’inspire du monde des affiches de cinéma, des néons dans la nuit et des stars en vedette.

Le peintre aime la boxe (il a d’ailleurs rédigé une biographie du boxeur Panama Al Brown) et en a épousé les codes. Il fait de l’attaque une défense et de l’agressivité une morale. Il collectionne les œuvres d’art liées au thème de la boxe et on trouve dans sa collection les noms d’artistes comme Paul Rebeyrolle, Jean Cocteau ou Jean-Francis Laglenne.

Son activité de scénographe débuta avec le cinéaste Klaus Michael Grüber, et il connut un de ses plus grands succès en 1982, avec “La vie est un songe” de Calderón de la Barca, sous la direction de José Luis Gómez. En 1999 il monta avec Grüber l’opéra Tristan et Isolde, de Wagner, au Festival de Salzburg. Il a également produit des sculptures et des livres illustrés.

En 2000, il reçoit la Médaille d’or du mérite des beaux-arts par le Ministère de l’Éducation, de la Culture et des Sports.

En 2009, il publie ses mémoires sous le titre de Minuta para un testamento (« Note pour un testament »).

En 2018, il participe à la Foire Arco de Madrid puis s’éteint dans son domicile madrilène le 14 octobre 2018 à Madrid.

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