Antoni Tàpies i Puig, 1er marquis de Tàpies est né le 12 décembre 1923 à Barcelone où il meurt le 6 février 2012; Il est un peintre, sculpteur, essayiste et théoricien de l’art espagnol d’expression catalane.
Le père d’Antoni Tàpies est avocat. Sa mère est issue d’une famille d’éditeurs et de marchands de livres. Il développe très jeune des talents artistiques, mais il suit les conseils familiaux et fait des études de droit, continuant cependant à peindre et à dessiner durant cette période.
Au début des années 1940, Tàpies est victime d’une grave infection pulmonaire qui lui impose deux années de convalescence durant lesquelles il s’intéresse à l’histoire de la philosophie, à la musique romantique, continuant à peindre et à dessiner. Il est profondément marqué par les atrocités de la guerre civile espagnole. C’est au terme de cette période qu’il se tourne définitivement vers l’art.
Il commence par suivre des cours de dessin à l’Académie Valls, en 1943, avant de se consacrer à la peinture en 1946. Il fait des copies à l’huile de tableaux de van Gogh et de Picasso. Il perfectionne également ses connaissances musicales et s’intéresse de plus en plus à la littérature, à la philosophie, à l’art oriental ainsi qu’à la calligraphie. Influencé par la philosophie orientale, il utilise des empâtements épais, des collages, des objets trouvés et des graffiti pour ses premières créations. Il fréquente également un groupe clandestin d’écrivains catalans, le Baus.
En 1948, son travail suscite la controverse lors de sa première participation au Salo d’Octubre de Barcelone. La même année, il est cofondateur du mouvement « Dau al Set »3 et de la revue éponyme, proche des mouvements dadaïste et Surréaliste et dont l’âme est le poète catalan Joan Brossa. En 1949, il rencontre Joan Miró, qui l’influence énormément, à l’instar de Paul Klee pendant sa première période surréaliste.
Sa première exposition personnelle a lieu en 1950 à la Galerias Layetanas de Barcelone. Il se dirige rapidement vers l’abstraction et, bien avant l’Arte Povera, intègre des matériaux non académiques (matériaux organiques végétaux, débris de terre et de pierre) dans ses travaux. Ainsi, à partir de 1953, il est un des premiers à donner ses lettres de noblesses au mélange des matériaux, ajoutant de la poudre d’argile et de marbre à sa peinture, utilisant le papier déchiré, la corde et des chiffons (Gris et Vert, Tate Gallery, Londres, 1957).
Dès le milieu des années 1950, sa renommée devient internationale. Il remporte des prix internationaux (Carnegie International de Pittsburgh) et est boursier du gouvernement français. Il participe à la Biennale de Venise en 1952 et est exposé dans plusieurs pays. Dans les années 1960, maintenant son œuvre dans le domaine de la recherche, il collabore avec Enrique Tábara, Antonio Saura, Manolo Millares et de nombreux autres artistes. Son travail s’enrichit alors de références politiques qui prennent la forme de symboles et de mots écrits sur les supports.
À partir des années 1970, influencé par le Pop Art, il intègre dans ses œuvres des matériaux plus volumineux, tels que des pièces de mobilier. Dans les années 1990, il collabore avec Estéfano Viu, Maximiliano, Eduardo Chillida et de nombreux autres artistes.
En 2000, il réalise l’affiche officielle des Internationaux de France de tennis. Il illustre le n° 7025 du journal Libération, daté du samedi 13 décembre 2003 et du dimanche 14 décembre 2003 avec onze œuvres originales ainsi qu’un alphabet complet de lettrines.
À travers son œuvre, Tàpies montre un intérêt particulier pour les lacérations, les entailles et les griffures au sein de ces compositions.
*Il qualifie ces œuvres de « champs de batailles où les blessures se multiplient à l’infini. »*
Les éléments graphiques et plastiques dont il fait usage se retrouvent de toile en toile formant ainsi un univers qui lui est propre. Il travaille la matière à l’aide de « matériaux pauvres » et se sert de la technique du collage, de l’empâtement, du grattage et de la déchirure. C’est en mélangeant la colle et le colorant, associés parfois à du sable, de la poussière, de la terre, que Tàpies trouve son médium, la matière par laquelle il va exprimer la profondeur, les formes, l’ombre, la lumière, en travaillant à l’aide d’outils mais également avec son corps. La croix, prenant des formes variées, les taches, les graffitis, les formes rectangulaires (qui s’apparentent à des espaces fermés, des murs, des volets clos) sont des éléments récurrents de son vocabulaire plastique. Par les matériaux utilisés ainsi que les formes qu’il crée, Tapiès nous fait découvrir un nouveau monde, des nouveaux paysages.
La pratique de Léonard de Vinci a été également une source importante d’inspiration pour Tàpies. Il s’est rendu compte que, dans la plupart des dessins de Léonard, des paysages d’origine chinoise se trouvent en arrière-plan. On retrouve ainsi chez Tàpies cette atmosphère vaporeuse, le sfumato, qu’il évoque à l’aide d’encre diluée et qui donne l’idée d’une certaine profondeur à ses peintures; Souvenir, 1982.
On ne peut pas vraiment parler de couleur mais plutôt d’un ensemble de valeurs qui se côtoient et s’assemblent. Il utilise essentiellement le noir et le blanc, la gamme des bistres, et fait usage de notes colorées ponctuelles, qui créent ainsi des dynamiques fortes dans ses compositions.
*Ses œuvres sont d’un caractère provocateur proche du dadaïsme, anti-esthétique, pauvre, rappelant parfois les graffitis et les tas de déchets. Tàpies a exploré plusieurs médias, comme l’estampe, la gravure, la peinture, l’assemblage et la sculpture dans lesquels il a introduit différentes techniques comme le gaufrage, le collage, le flocage, la lacération, le pliage et le découpage.*
Il a illustré plus de trente livres d’artiste.
En 1954 Tàpies épousa Teresa Barba Fabregas. Ensemble ils ont eu trois enfants Antoni, Miguel et Clara. Il a vécu principalement à Barcelone et a été représenté par la Galerie Lelong à Paris et la Galerie Pace à New York. Tàpies est décédé le 6 février 2012. Sa santé commençait à détériorer à partir de 2000.
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