Hugh John Barrett est un peintre Canadien québécois il est né en 1935 et mort le 29 janvier 2005 à Longueuil.
Il étudie d’abord à l’École du meuble de Montréal, puis de 1951 à 1953 au Montréal School of Art and Design avec Arthur Lismer et Goodridge Roberts. Il fréquente aussi les cours du soir en dessin d’observation au musée des beaux-arts à Montréal. Il termine en 1960 avec un brevet d’enseignement à l’École des beaux-arts de Montréal.
Après avoir peint et enseigné dans la région de Montréal et au Saguenay entre 1960 et 1974, il décide de se consacrer uniquement à sa carrière artistique. Il illustre également pour Gilles Vigneault un recueil de poèmes, « À l’encre blanche », et un conte pour enfants, « Les quatre saisons de Piquot ».
Il réalise aussi une série d’œuvres de » Land Art » sur l’île d’Anticosti.
Wikipédia #Biographie – Sources additionelles #yoannickysebaert et Lareau-Law
BARRETT, ALCHIMISTE DE LA COULEUR
Chaque printemps, la nature change ses couleurs, les bourgeons à l’attente des rayons de soleil, la terre du Nord dans son réchauffement, odeurs aux parfums marins, les souvenirs se perdent et, d’un an sur l’autre, l’émerveillement de la découverte éblouit l’œil encore aveuglé par la blancheur de son hiver éternel.
Ainsi, je suis devant la peinture de Hugh Barrett, dont les deux dernières expositions (Centre d’Art du Mont-Royal et son atelier de Granby) sont les contes de fées de mon enfance, de cette enfance qui se prolonge entre les dragons, les fées et les voleurs de lune.
Barrett poursuit sa recherche à l’écoute des éléments naturels qui nous encerclent et, à partir d’un simple détail, c’est la planète qui nous est révélée. Il y a la même observation que dans ses tableaux des années passées mais la nature est variée, et selon les saisons nous la regardons différemment. Paysages du Likiang, broderies de Soutchéou, l’ombre chinoise des branches, jardin à Lhassa, cortège de feuilles devenues oiseaux, l’existence de pierres, langage de fleurs sous la neige, souches, clôtures défaites, nous sommes la Gaspésie dans une nature qui se réinvente chaque jour, l’Occident rejoignant l’Orient à travers ses œuvres d’art, prise de conscience à situer à tous les niveaux.
Barrett est un nomade entre la Gaspésie, Grande-Vallée où il a élu domicile, et son atelier de Granby dans les Cantons de l’Est. Pour celui qui vit la présence de la mer quotidiennement, son écoute prend un sens figuré que l’on peut interpréter à chaque galet des grèves de Gaspé-Nord qui constitue une énigme à déchiffrer.
Rien n’est agencé d’une façon arbitraire à qui sait regarder et écouter. Barrett retranscrit la mythologie de l’univers. Si la mer est prioritaire, les arbres le sont aussi, qu’ils soient de Gaspésie, du Lac Saint-Jean, des Cantons de l’Est ou d’ailleurs, ils sont selon leurs positions essentiels à la vie de la planète et Barrett les illustre, figures d’hommes et de femmes dont les couleurs s’entremêlent aux sons des sapins. Son univers n’a pas de frontières comme si le peintre a mission de livrer un code secret à celui qui approche l’œil de sa peinture. Que ce soit l’aube ou le couchant, le soleil filtre ses couleurs entre les arbres d’automne quand l’on remonte le grand ruisseau de l’été du Nord aux ocres vert et or avant la tempête, alors que l’on ne sait pas encore que le quai sera ravagé par la mer et qu’un navire grec échouera dans la baie de Grande-Vallée. Le ciel et la terre demeurent suspendus, tandis que la population regroupée vient en aide aux naufragés: c’est gris, c’est rose, c’est noir.
Autant de tableaux, autant de manuscrits, autant de poèmes illustrés liés aux lois secrètes de la nature qu’il est logiquement difficile d’interpréter car les nuances sont des improvisations constantes, nouvelles selon les heures et les jours.
Barrett me disait l’été dernier: «Je me demande comment je peins des couleurs tellement différentes, puis je regarde dehors, et c’est vraiment cela, les violets, les orangés, les roses …» Couleurs douces, couleurs violentes soumises aux éléments atmosphériques, couleurs d’une fin de terre, de la proximité du pôle, couleurs où l’homme s’initie à l’énergie cosmique, couleurs que Barrett s’est engagé à nous transmettre comme les Cabires, théurges du feu ont transmis leur savoir à la péninsule grecque et à l’Égypte. Paysages d’ici, paysages d’ailleurs, paysages qui sont à devenir source d’inspiration pour chacun à changer sa vision, sa façon d’aborder une nature que nous polluons, complices des dépotoirs de nos rivières et de nos mers. Halte! nous crie Barrett, que la nature ne soit pas demain le spectre de nos rêves mais commençons à la regarder maintenant car, aujourd’hui, où que nous soyons, d’où que nous venions, nous vivons notre mutation à chacun de ses sons.
Article par Marie-France O’LEAR – 1975
Archives – Expositions- Vie des arts, Volume 20, Numéro 80, 1975, Pages 69-73
ERUDIT
http://www.erudit.org/culture/va1081917/va1186399/55081ac.pdf