VAN TUERENHOUT, Jef (1926 – 2006)

Jef Van Tuerenhout - Circa 1980 - Photocopie from original photograph - Collection Yoannick Ysebaert

VAN TUERENHOUT, Jef (1926 - 2006)

Biographie

Jef van Tuerenhout est né à Malines, le 23 mai 1926 et mort à Wenduine, le 4 Mars, 2006; il était un peintre belge, sculpteur, céramiste, graveur et créateur de bijoux. Pendant sa longue carrière son style a évolué d’un misérabilisme amer, vers l’expressionnisme flamand et le néo-expressionnisme. Cette évolution aboutie enfin, vers un style légèrement érotique et sensuel à la frontière du surréalisme et du réalisme magique. Il est parfois aussi appelé le dernier surréaliste Belgique.

Jef van Tuerenhout a passé son enfance à Malines. Il a étudié la peinture et la sculpture à l’Académie de Saint-Luc de Bruxelles pendant la Seconde Guerre mondiale. Il a reçu le Prix honorifique de l’Académie Saint-Luc. De cette année il y a eu seulement deux artistes, qui sont devenu peintres professionnels: lui et Armand Minner. Il avouait lui-même qu’il avait rien appris à l’Académie, au fait il connaissait peu ou rien, il savait à peine faire la différence entre l’utilisation de la térébenthine ou du white spirit.

Dès ses débuts, il a résolument opté pour être artiste et peintre en tant que profession. Être enseignant dans une école il considérait comme une perte de temps. Il voulait, comme jeune individualiste, à ce stade, ne pas faire des compromis commerciaux. Au cours de cette période, il peint avec des teintes grisaille expressionniste, qui rappelle les œuvres de Constant Permeke. Ses œuvres montres un monde mental compact et fermé, assombri par des expériences de guerre et lacées avec une angoisse sombre.

Ses premiers œuvres plus commerciaux, il les signé avec le pseudonyme « Jan van Gent ». Cela impliqués des sujets différents, telles que des bords de mer, les dunes de la côte belge, les rues espagnoles, les taureaux et les gitans, et même des Sainte Marie.

En tant que jeune artiste, il pouvait rapidement se libérer de l’expressionnisme flamand. L’abstraction non plus ne pouvait l’attirer; Il  trouvé ce style régional et limité à une période dépasser.

Il choisit la peinture figurative avec son propre style et son imaginaire reconnaissable. D’abord il a travaillé à partir d’un modèle, mais a rejeté très vite cette façon de faire, parce qu’il obtient une figure centrale avec un fond, la composition de cette méthode le dérangeait.

En 1949, il a déjà participé à l’exposition de groupe «L’art contemporain en Belgique», avec plusieurs autres peintres qui cherchent également un art innovateur, moderne et contemporain à créer. Pol Mara, Paul van Hoeydonck, Jan Cox et Gaston Bertrand font partie de ces artistes et avec Jan Vaerten, Rudolf Meerbergen et Jan Cox, il a travaillé sur la revue «Tijd en mens» (temps et gens) (1949-1955), dirigée par Jan Walravens (1920-1965) comme théoricien du temps (De Tijd) et de la Génération des Hommes (Tijd en Mens). Il a aussi eu sa première exposition solo en 1950 à Malines et en 1951 il a exposé plusieurs œuvres dans l’exposition, organisée par «Tijd en Mens» (temps et gens).

Il s’installe à Anvers en 1952 et vit dans des greniers, errant de maison en maison. Il a été commandé une monumentale fresque murale dans la «Boomse metaalwerken», une entreprise qui a fermé ses portes en 1998.

Par hasard, il vient vivre à Ostende et  lorsqu’il campa à Bredene en 1954, il rencontra par hasard un ami en mouvement. Il pourrait reprendre son atelier à Ostende. Là Van Tuerenhout a immédiatement commencé une petite galerie d’art. Plus tard, il s’installe dans une grande maison de style Belle Époque sur la digue (promenade)-(Dijk) à Ostende. Dans cette maison, lui et sa femme, Clara Raes, passent la majeure partie de leur vie.

A Ostende il est entré inévitablement en contact avec le monde anarchiste de l’art Ostendaise, centré autour des noctambules et des bohémiens dans cette même ville et rassembler et aient comme fief le pub «La Chèvre Folle» Etienne Elias, Yves Rhayé, Willy Bosschem, Roland Devolder, Hubert Minnebo, et le guitariste de blues Roland pour n’en nommer que quelques-uns.

Il a également tenu plusieurs expositions dans le pub et vendu des œuvres. En 1967, il a tenu là, avec un artiste allemand, un événement dirigé contre le Mur de Berlin. Une intervention de la police était même nécessaire pour calmer leurs esprits.

Il participe en 1955 à l’exposition collective «Ensor, Permeke, Spilliaert et la peinture contemporaine» à Ostende. Dès lors, les expositions se succèdent, tant au pays qu’à l’étranger. En 1957, deux tableaux ont été achetés par la collection Quaker Storage Co. de Philadelphie (USA). Il a exposé pour la première fois des gravures et des sculptures à l’exposition à Bruxelles en 1966. Sa première lithographie a été publiée en 1969.

En 1966 son style évolue clairement et il laisse le style expressionniste misérabiliste. Il a créé un monde nouveau, méticuleusement détaillé, avec une femme enchanteresse mais dominatrice comme muse. Il se concentrera presque exclusivement sur la représentation du mystique chez une femme, représentée avec une coloration exotique, sophistiquée et complexe, baignée dans la lumière et d’obscurité, dans un style réaliste et magique réaliste.

Tout comme Paul Delvaux et Félix Labisse, il a créé lentement son propre archétype féminin qui revient sans cesse dans son œuvre: digne, inaccessible, irrésistible, énigmatique, intrigant, séduisant, sophistiqué et sensuel. Dès lors, il évolué au sein de cette balise sensuelle de plus en plus perfectionniste et avec un sens fin de l’harmonie de la couleur. Ses figures féminines partiellement nues, il les dépeint principalement étiré de manière consciente avec les mains maigres et allongées. Il l’appelle lui-même «verticalisme». Ils portent aussi souvent une sorte de tube de fer, tel un collier autour du cou et des chapeaux majestueux. De plus, ces éléments contribuent aux lignes verticales de la figure.

Ses premières créatures anthropomorphes étaient moitié sphinx moitié Sibyl et sont toujours avec des légères influences de l’expressionisme flamand. Ces créatures vivent dans un monde silencieux, pétrifié entouré d’une atmosphère de sensualité sensuelle.

Ses tableaux et ses œuvres graphiques étaient remplis d’érotisme supprimé. Ils contiennent toutes sortes de caractères magiques, et des attributs fétichistes. Comme l’œuf = fertilité, oiseau = liberté; Squelettes = dualité de la vie et de la mort, ou animalité des chats, tigres ou grands rapaces. Inspiré des sculptures africaines, asiatiques et polynésiennes, il a donné à son archétype l’apparence de ces sculptures primitives: de grandes prêtresses imprenables, aux genoux allongés et aux visages ovales, coiffures exotiques, couvertes de têtes d’aigle, de cornes ou d’halos colorés. Ses œuvres ont également donné à nouveau leur fascination pour les félins, les panthères et les lions (il avait même pendant un certain temps un lion et un léopard comme animaux de compagnie), dont les mouvements sont aussi lisses et gracieux que ses femmes.

Tout cela donnait un style individuel à son œuvre qui, d’un coup d’œil, les rendait immédiatement reconnaissables à tout le monde. Il a souvent donné dans son œuvre un clin d’œil à d’autres artistes en utilisant des éléments de leur travail: les têtes monstrueuses d’Yves Rhayé (1936-1995) (comme dans son travail «Les managers Lure») ou le chapeau fleur de James Ensor  de son célèbre ouvrage «Hello James», fait pour protester contre le vol de l’autoportrait de James Ensor) ou encore avec James Ensor «l’entrée de Jef van Tuerenhout à Ostende» pour marquer l’année Ensor 1985.

Il a également été créateur et designer de bijoux en or, argent et diamants. Il a donné sa première exposition de bijoux en 1971. Le O.R.T.F. (Télévision française) en 1971 tout comme le BRT (télévision flamande) en 1972 ont fait un portrait TV de lui. En 1976, R. Claeys réalise le film «Portrait de Jef van Tuerenhout».

Durant sa longue carrière artistique il a reçus plusieurs rétrospectives en 1974 au Casino, Ostende, 1975, 1986 et 2001 au Centre culturel Antoon Spinoy, Malines, en 2005 dans la ville italienne des artistes de Pietrasanta, près de Pise, en mars 2006 au Centre culturel, d’Aarschot, et l’été 2006 à Blankenberge. Dans les dernières décennies de sa vie il a étendue et reçu la reconnaissance internationale.

Dans toutes ses expositions à l’étranger, il entre régulièrement en contact avec des artistes bien connus, parmi lesquels beaucoup d’amis personnels: Salvador Dalí, Corneille, Karel Appel, César, Max Ernst, Fuchs, Paul Delvaux; Mais aussi avec de nombreux chanteurs et stars du cinéma: Jacques Brel, Maurice Chevalier, Michèle Morgan.

Il a été nommé en 1976 Chevalier de l’Ordre de Léopold II. Il était également ambassadeur de l’UNICEF. Le produit et bénéfices de sa peinture pour l’affiche du Mémorial Van Damme a été donné en 2003 à un projet au Maroc.

Il s’installe à Wenduine en 1993 dans un ancien couvent calme et rénové, où Sœur Sourire a même vécu.

Il est mort d’une maladie persistante le 4 mars 2006 à sa résidence à Wenduine.

Ses œuvres sont surtout dans des collections privées, mais aussi dans des musées nationaux et à étrangers. Il était un individualiste, un personnage isolé, il peut être difficile de le classer, dans un ou l’autre mouvement d’art ou de genre et style. Pour cela il rappelle le même problème pour classer Leonor Fini et Fernando Botero.

#biographie

Traduit du Flamand vers le français par Yoannick Ysebaert #curateur